L’Internet des objets en cinq questions
Francis Henry est en charge du développement partenaires de l’offre “Maison Connectée » chez Deutsche Telekom. Pour CIO Practice, il présente sa vision du marché des objets connectés et des enjeux pour les DSI.
Seb vient de sortir un autocuiseur connecté. Que vous inspire ce genre d’innovation ?
Effectivement, certaines innovations sont assez surprenantes. Je suppose que les marques savent parfaitement ce qui les mènent à apporter de l’innovation par l’Internet des Objets (IdO ou Iot, Internet of Things). L’avenir dira si les usages et les promesses sont au rendez-vous. Pour l’heure, je constate qu’un grand nombre de fabricants d’objets de consommation s’associent dans la mouvance Object Connecté, pour sa valeur ajoutée intrinsèque ou pour développer un nouveau lien digital avec leurs utilisateurs. De nombreuses marques comme Seb l’ont compris et l’ont inscrit dans leurs axes de développement.
Et dans le B to B, quels sont les débouchés pour les objets connectés ?
Lampadaires, poubelles, camions, compteurs électriques, appareillages de santé, thermostats… le monde physique, autrefois non connecté évolue radicalement grâce à la connectivité. Et massivement ! On dénombre déjà cinq milliards de dispositifs connectés dans le monde. Il y en aura 50 milliards en 2020. Dans de nombreux secteurs industriels, grâce aux objets connectés, on pourra suivre en temps réel et avec beaucoup de finesse l’ensemble des processus : la matière première ou les composants élémentaires d’un produit jusqu’à la livraison du produit final, l’après-vente, la maintenance, le recyclage… Le potentiel de l’industrie 4.0 est énorme.
Quels sont les défis pour les DSI ?
Les DSI doivent penser à la sécurité et à la protection des systèmes d’information contre toute possibilité d’intrusion. Malheureusement, dans la course à l’innovation, elles ont trop souvent été négligées. Aujourd’hui, DSI et directions opérationnelles disposent d’une nouvelle source d’information venue des objets connectés. C’est de l’intelligence nouvelle à exploiter dans le cadre des processus métiers, ou pour des problématiques stratégique. Les objets connectés offrent un nouveau champ d’application aux pratiques du Big Data, ces deux domaines restant intimement liés.
Quelle est la valeur ajoutée de Deutsche Telekom sur ce marché ?
Nous proposons une solution autour des objets connectés dédiés à la l’environnement de la maison : sécurité, automatisation, confort, chauffage, énergie ou maintien à domicile. Avec notre plate-forme, nous apportons une solution d’intégration à la fois ouverte et sécurisée aux opérateurs qui ont un intérêt stratégique lié à l’environnement de la maison. En Allemagne, nous avons développé un très large écosystème autour de partenaires gravitant autour de la maison. Miele, Philips, Samsung ou Kärcher sont les plus connues du grand public. Mais s’y ajoutent également des opérateurs télécom, d’énergie ou des acteurs de l’assurance.
Que faut-il attendre de l’arrivée de Google et d’Apple ?
Apple et Google, avec leurs poids respectifs, leurs capacités d’investissement et leur visibilité médiatique vont créer une vraie rupture. Ils vont renforcer la notoriété des équipements connectés et de leurs usages dans le grand public. Mais les deux géants vont aussi s’affronter. Ils créent actuellement leurs écosystèmes, largement incompatibles dans l’espoir de dominer le domaine de la maison. La maison est devenue un enjeu stratégique pour les géants des technologies. On peut craindre que l’utilisateur moyen se trouve un peu perdu dans ces batailles de titan. Les opérateurs télécoms, d’énergie ou autres peuvent apporter des réponses par des offres lisibles et structurantes.
Chez Deutsche Telekom, nous avons adopté une approche basée sur des standards et écosystèmes ouverts permettant d’engager les différents acteurs de la maison et de l’IoT sur un pied d’égalité. C’est ce qui permettra par exemple aux acteurs des télécoms de faire affaire avec les acteurs de la sécurité ou aux acteurs du BTP de travailler avec ceux de l’énergie dans un mode de coopération. Ces acteurs peuvent collaborer pour créer de la cohérence. Les choses sont déjà très avancées dans ce sens, tant en Allemagne qu’en Italie.