L’aéroport Cologne-Bonn veut devenir le premier aéroport intelligent au monde. Son objectif ? Capitaliser sur les technologies Cloud et big data pour améliorer la satisfaction des passagers et rationaliser les processus. Reportage.
Ines Gruber tapote anxieusement sur son volant. Si cet embouteillage ne prend pas fin bientôt, cette avocate manquera son vol pour Barcelone. L’embarquement est prévu dans 40 minutes, mais elle reste bloquée sur l’autoroute, à plusieurs kilomètres du parking P3 de l’aéroport Cologne-Bonn. Son smartphone émet un bip, elle vient de recevoir un nouveau message. Elle active l’assistant virtuel et découvre que, pour 15 euros supplémentaires, elle peut conduire directement sa voiture jusqu’au hall des départs. Un employé de l’aéroport se chargera alors de garer son véhicule pour lui rendre les clés à son retour, dans trois jours. Immédiatement, Ines Gruber dit oui. Le service est réservé tandis que son smartphone recalcule automatiquement l’itinéraire.
Si nous réussissons à faire des arrivées, de l’enregistrement, des contrôles de sécurité et de l’embarquement une expérience harmonieuse, alors l’ensemble de l’aéroport sera plus attractif et plus rentable.
Actuellement, ce scénario reste imaginaire mais l’idée d’une solution de parking intelligent demeure de plus en plus proche et l’aéroport de Cologne-Bonn se place en première ligne sur le sujet. Les 70 collaborateurs de la DSI réfléchissent déjà à la meilleure manière de concrétiser cette ambition. L’objectif de l’aéroport de Cologne Bonn ? Fluidifier l’expérience voyageur et réduire le stress des passagers.
Réduire le stress des voyageurs pour accroître les revenus
L’enjeu est bien plus grand qu’il n’y paraît. Si un passager est décontracté, il est plus enclin à faire du shopping, à dîner dans un restaurant ou à passer à la librairie. Or, les redevances de concession des commerces sont une source vitale de revenus pour l’aéroport, en plus des frais de stationnement. En 2015 l’aéroport engrangeait 104 millions d’euros de recettes non liées à l’aviation, soit 17 % de croissance par rapport à l’année passée. Au total ces recettes représentent un tiers des revenus de l’aéroport. « Si nous réussissons à faire des arrivées, de l’enregistrement, des contrôles de sécurité et de l’embarquement une expérience harmonieuse, alors l’ensemble de l’aéroport sera plus attractif et plus rentable. La numérisation est une clé du succès, peut-être même le facteur le plus crucial », résume Oliver Reindl, DSI de l’aéroport de Cologne-Bonn.
Des prototypes d’applications mobiles bien avancées
Les équipes du DSI développent déjà de nombreux prototypes d’applications mobiles reposant sur le Cloud et l’utilisation des big data. Parmi elles, une application fournissant des informations en temps réels aux voyageurs de leur entrée dans l’aéroport jusqu’à leur embarquement. Le produit final fournira des réponses sur mesure à toutes les questions des passagers, selon leur localisation, leur destination et l’heure : Où est-il préférable de se garer en fonction de l’endroit où le passager doit enregistrer ses bagages ? Combien de temps durent les contrôles de sécurité ? À quelle distance se trouve la porte d’embarquement ? Où le passager peut-il trouver des produits en duty-free, un magasin de vêtements pour hommes ou les toilettes ?
Surmonter le défi de la transformation interne
Reste que, pour le DSI, concrétiser la vision d’un aéroport intelligent n’est pas seulement une question de viabilité technique. Pour ne prendre qu’un exemple, la réussite du service de parking intelligent repose sur la réactivité du personnel. Une fois prévenu, il doit se rendre en quelques minutes à l’emplacement convenu pour récupérer la voiture du passager. Et Oliver Reindl ajoute : « L’employé devra aussi rapporter la voiture quelques jours plus tard, à la bonne heure, même si le vol arrive avec 20 minutes de retard. » Ceci nécessite des procédures internes souples, rapides et harmonieuses. « D’une certaine façon, nous devons nous réinventer nous-mêmes. Ce n’est pas toujours facile, mais l’ère numérique nous y oblige », prévient le DSI.
Nous devons nous réinventer nous-mêmes. Ce n’est pas toujours facile, mais l’ère numérique nous y oblige.
L’infrastructure Cloud, prérequis indispensable à l’aéroport intelligent
Second challenge : transformer la DSI elle-même. « Le département informatique doit agir comme un conseiller des utilisateurs qu’il soutient, en donnant une orientation complète sur les limites et les opportunités des nouvelles technologies. Nous devons représenter un atout commercial, avoir une vision holistique de tous les paramètres techniques et des impératifs métier », estime Oliver Reindl.
Pas étonnant donc que le DSI embrasse la révolution Cloud. Le meilleur moyen, selon lui, pour dégager du temps à ses équipes qui se consacrent à cette transformation. Ainsi, l’aéroport de Cologne-Bonn s’appuie sur la puissance du Cloud T-Systems, capable de traiter les big data. Les informations sont fournies en temps réel, au comptoir d’enregistrement, aux bagagistes, aux écrans d’information de l’aéroport, aux tableaux des départs/arrivées, aux compagnies, au contrôle aérien, à la police et aux douanes, ainsi qu’aux sociétés de restauration et de nettoyage. En parallèle, le service informatique de l’aéroport Cologne-Bonn gère les services et développe des applications innovantes pour transformer l’expérience des voyageurs.